Archives historiques de la région de Bienne, du Seeland et du Jura bernois

Samuel Schmid, un travailleur sérieux

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Samuel Schmid, né en 1947 à Rüti-près-Büren, fréquenta le Gymnase de Soleure. Il continua par des études de droit à l'Université de Berne, obtint le diplôme d'avocat (1973), de notaire (1978). Au service militaire, il parvint rapidement au grade de lieutenant.
A l'âge de 25 ans déjà, Samuel Schmid devenait Conseiller communal de Rüti. De 1974 à 1982, il fut maire de Rüti, sa commune d'origine. Le notaire représenta dans la politique communale, puis, plus tard, comme député au niveau politique cantonal, les tendances de la bourgeoisie moyenne, conservatrice, de l'UDC bernoise.

Très tôt déjà, il se distancait de l'aile zurichoise UDC, et s'engagea par exemple en 1992 pour l'entrée dans l'Espace économique européen. Député, il se fit un nom comme président de la Commission pour la Nouvelle constitution bernoise. En 1991, M. Schmid se lança sans succès comme candidat de tête de l'UDC aux élections au Conseil national. Ce n'est que trois ans plus tard qu'il parvint à la Représentation nationale, en tant que suppléant. 1999 le voit réussir son entrée au Conseil des Etats. Il devint bientôt un élément de poids de la vie politique, faisant partie de nombreuses commissions, comme la Commission politique fédérale, la Commission constitutionnelle, celle de la politique étrangère aussi, dont il fut vice-président.

Le 6 décembre 2000, Samuel Schmid est élu conseiller fédéral. Chef du Département de la défense, de la Protection civile et des Sports (DDPS), ses diverses fonctions de commandement militaire lui profitent, en dernier lieu comme commandant de régiment. M. Schmid fit d'abord l'effet d'être un peu raide dans le comportement. Parlant de manière lente et en longeurs, faisant souvent un visage sérieux. Il n'y a pas à s'étonner qu'il porte dans la corporation estudiantine Wengia à Soleure, le vulgo "Lätsch". Plus détendu avec le temps, il gagna son entourage par des pointes d'humour un peu sèches. Les remarques venues de l'UDC zurichoise, le qualifiant de "demi-Conseiller Fédéral", il les repoussa avec la stature d'un officier de haut rang.

L'année 2005 est celle du sommet de la carrière de M. Schmid, alors qu'il exerçait en tant que Président de la Confédération. Il fit preuve dans des situations difficiles, d'une carrure d'homme d'Etat, comme lors des cérémonies aux victimes du tsunami, dans la cathédrale de Berne, ou lors de la visite aux régions dévastées par les inondations. Il est également l'hôte fréquent de notre région, comme ministre des Sports, à l'Ecole de sports de Macolin, ou encore à l'ouverture de l'exposition "Vision Seeland", au château de Nidau, en janvier 2008.

Le Conseiller fédéral UDC n'est pas une star des médias apparaissant dans les illustrés hauts en couleurs, en shorts et pantoufles, traînant les pieds à travers un salon, mais un politicien "de type pur-sang". Connu pour sa connaissance vaste et approfondie des dossiers, il passe dans bien des cercles comme la personne idéale pour le Département Défense, Protection civile et Sports.

Cependant, au cours des années 2006 et 2007, le fossé entre M. Schmid et son parti continua de s'approfondir. Le Seelandais, mesuré, supportait toujours moins le style politique agressif de l'UDC suisse. Pour les eléctions de 2007, il posait encore à côté de la mascotte électorale, le bouc "Zottel", tourna le dos cependant à l'affiche malfamée montrant l'expulsion d'un mouton noir; ne voulant rien avoir à faire avec ce message ambigu.

Et aux élections fédérales de décembre 2007, l'éclat se produisit. Si M. Schmid fut réélu avec un bon résultat, son collègue de fonctions et de parti, Christoph Blocher, fut évincé, dans une classique "Nuit des Longs-couteaux". A sa place, les conseillers de gauche, de même qu'une partie du PDC et du Parti radical élirent la Directrice des Finances des Grisons, Eveline Widmer-Schlumpf. M. Schmid semble, au cours des entretiens  confidentiels avec elle, lui avoir conseillé d'accepter le choix des électeurs. La quittance arriva dès lors rapidement: l'UDC rejeta de sa fraction M. Schmid et Mme Schlumpf, et se mit dans l'opposition - un fait tout-à-fait nouveau dapuis l'existence de l'Etat fédéral moderne.

Dans le courant de l'année 2008, S. Schmid tourna le dos à l'UDC, avec d'autres personnalités exposées "modérées", et entra au nouveau Parti démocrate bourgeois (BDP). Le magistrat seelandais se retrouva toujours plus sous la pression de ses anciens collègues de parti. Au printemps se produisit alors un accident de canot pneumatique sur la Kander. Cinq personnes perdirent la vie dans cet exercice servant soi-disant à la constitution d'équipes. Des critiques désignèrent, juste à la suite, des fautes de commandement et la mentalité de laissez-faire au sein du DFPPS (VBS).

Durant l'été, la presse du dimanche dévoilait des irrégularités, liées à la nomination du nouveau chef de l'armée: alors que s'effectuait le processus de recrutement, une procédure pénale était en cours contre lui, pour contrainte. Samuel Schmid voulut d'abord ne rien avoir su de la chose, puis admit, repentant, avoir "oublié" l'affaire. Finalement S. Schmid donna le congé à Roland Nef, cible d'attaques, sur quoi il "jeta l'éponge".

Tous les partis réclamèrent alors la démission de Samuel Schmid. A l'automne 2008, les Chambres fédérales rejetaient le programme militaire d'armement 2009. Et pourtant cela ne suffisait pas: même sa famille fut menacée. Tout ceci ne faisait que rendre la vie du calme travailleur plus pénible. Et peu après une opération de la vésicule biliaire, il rendait publique sa démission, courant novembre 2008, à l'âge de 61 ans. Durant 8 années, Samuel Schmid avait fait partie du gouvernement du pays.

Après sa démission, l’engagement politique de Schmid prit de nouvelles formes. Par exemple, il s’engagea en faveur de la démocratisation de la Tunisie. Ses contacts avec les forces démocratiques de cet état du Maghreb commencèrent lors de sa visite de la Tunisie en 2005. Après le « printemps arabe », ces liens s’intensifièrent. Dans le cadre du Groupe d'amitié Suisse – Tunisie, Schmid s’efforça de faire progresser le développement de l’économie tunisienne. Son motif : « La Tunisie est le seul pays auquel le printemps arabe a donné la chance d’un développement démocratique. J’aimerais contribuer au succès de ce développement. »


Auteur: Matthias Nast / Source: Hans-Ueli Aebi 2017