Archives historiques de la région de Bienne, du Seeland et du Jura bernois

Marguerite Weidauer-Wallenda

Ville de Bienne - endroits restandes - Films et cinématographie - Femmes - Loisirs - Manifestations culturelles - Styles de vie - Personnalités - Entreprises




Marguerite Weidauer-Wallenda a créé la plus célèbre entreprise foraine de Suisse. Parmi les premières cinéastes suisses, elle intègre habilement cet art à l’industrie naissante du divertissement.

Ses origines, son enfance, son adolescence

Marguerite Wallenda naît le 24 juillet 1882 à Mayence (Allemagne), elle est la fille de Philippe Wallenda, propriétaire d’une collection de curiosités, et d’Anna Suter, funambule de Zurich. Avec sa famille, elle déménage à Bienne, « la ville la moins bourgeoise de Suisse et le lieu de rencontre des gens du voyage» d’après le clown Grock, son contemporain. Wallenda y fréquente l’école obligatoire, elle apprend le dialecte biennois, le français, plus tard l’italien. Elle rêve de devenir médecin, mais son père refuse. Par conséquent, de ville en ville, elle accompagne les activités foraines de sa famille.

La pionnière du cinéma

Elle conservera ce mode de vie toute sa vie. Adolescente, elle se tourne vers le cinéma, tout juste inventé (1895). À 17 ans, Marguerite Wallenda loue une caméra et un projecteur du pionnier du cinéma suisse, Georges Hipleh-Walt. À l’âge de 23 ans, elle achète un cinéma itinérant, avec lequel – malgré toutes les difficultés économiques – elle traverse le pays. Comme Georges Hipleh-Walt, elle présente des films empruntés qu’elle complète par des productions personnelles. Par exemple, elle filme les Biennoises et Biennois dans les rues avant de se rendre à Paris ou elle développe ses bobines, 36 heures plus tard elle présente sa production au public qui se précipite nombreux pour voir ses projections. En général, son programme présenté sur des places du marché et des manifestations de carnaval rencontre un bon écho. Lors de la visite de l’empereur allemand Guillaume II en Suisse, en 1912, le devoir de filmer cet évènement est confié à Marguerite Wallenda.

Son mariage, ses affaires foraines

En 1908, Marguerite Wallenda épouse le dompteur d’animaux Heinrich Weidauer. En 1910, le couple est naturalisé, en 1934 ils sont bourgeois de Bienne. Pour l’essor de l’entreprise, de bonnes relations avec la police étaient importantes. Dans ce contexte naît une amitié entre Marguerite Weidauer-Wallenda et Walter König, adjoint de la police en 1939, inspecteur de la police biennoise en 1943.

L’entreprise foraine Weidauer-Wallenda est réputée la plus grande et la plus respectée de Suisse. Par exemple, elle impressionne par le premier grand huit de Suisse qu’elle a fait construire par un architecte allemand en 1921. A partir de 1928, elle dispose aussi d’une auto-tamponneuse. Marguerite Weidauer-Wallenda: «En tant que jeunes entrepreneurs, nous prenions des risques et ça marchait.» Après la mort de son mari en 1941, Marguerite Weidauer-Wallenda continue à diriger l’entreprise toute seule pendant 27 ans. Elle maintient le programme et le complète par de nouvelles attractions. Avec sa troupe, elle présente ces attractions durant au moins une semaine dix fois par année dans toutes les grandes villes de Suisse. En général, la tournée commence par le carnaval de Bienne et se termine par le « Zibelemärit » de Berne. L’hiver est réservé à la maintenance du matériel entreposé à Nidau et à la préparation de la nouvelle saison. La dernière fois, le grand huit est dressé en 1968, lors de la Braderie biennoise. Durant 47 ans, cette attraction unique en Suisse est restée sans accident.

Présidente honoraire de l’Association foraine de Suisse

Marguerite Weidauer-Wallenda est respectée comme femme d’affaires, comme cheffe autoritaire et comme personnalité têtue. Son application est réputée exemplaire. elle commente: "Je travaille toute la journée et je vais me coucher morte de fatigue, puis ça repart le lendemain. J'aime ça." En 1952, l’Association foraine de Suisse l’élit présidente honoraire. À Bienne, où elle habite une villa à la rue du Débarcadère, on connaît «Madame» comme personnalité originale et un peu excentrique. En 1965, pour les 60 ans de son entreprise, elle invite tout le Conseil communal de Bienne.

Le crépuscule de sa vie, sa mort

Après la vente de sa villa en 1969, à 87 ans, elle habite sa voiture-salon à Nidau, où son matériel forain avec le grand huit avait hiberné. Dans sa roulotte, elle passe les dernières années de sa vie. Marguerite Weidauer-Wallenda s’éteint le 15 juin 1972 à Berne.

Suite à un procès, les deux héritiers de sa fortune acceptent un compromis: Walter König reçoit 90 pour cent, M. Bergerhofer, l’ancien employé de la défunte, 10 pour cent de la masse héréditaire.

Marguerite Weidauer-Wallenda est la troisième femme à laquelle est dédié un nécrologue dans les Annales Biennoises. Depuis l’an 2000 une rue de Bienne porte son nom.

Sources: KULTUR ELLE 1 /2021



Auteur: Manuela Di Franco, Christoph Lörtscher / Source: Diverses 2021
Format: 2005-12-16 00:00:00